TOMBEAU D’YVES BONNEFOY
par Frédéric Riera

Un recueil de poèmes en prose.

Rendant hommage à l’oeuvre d’Yves Bonnefoy, ce Tombeau rassemble les fragments d’une méditation intime empruntant à la rhétorique de l’épopée. Frédéric Riera y revendique la réception d’une littérature apparemment forclose qu’il rapproche d’une contemporanéité triviale et pop culturelle, non sans dire la nostalgie d’un monde favorable à la poésie qu’elle éveille en lui.

“Cela aussi, tout un monde à explorer qui dit le territoire mais dans l’éphémère verticalité des tuyaux de l’âme, dans l’extension de la présence à tout ce que touche le doigt imaginaire de nos orifices, et la lune et le ver qui est scellé dans la boue comme un clou de fondation — tout un vouloir protéiforme pour échapper à la main de l’identité.
Et ma tristesse ce jour, c’est que le vieux maître ne verra pas que ses mondes, l’arrière-pays et les rives et, au hasard, cette Rome sans les errances du pape Clément, s’ajoutent aux nôtres comme on ajoutait des dieux aux dieux du temps que le poème contraignait le monde à la rigueur des saisons.”


C’est moi qui force Frédéric Riera à écrire. Sans ça il n’est qu’un personnage bavard pétri de prétentions, cultivé et antipathique, presque un handicapé mental. J’ai voulu après la mort d’Yves Bonnefoy qu’il consacre un tombeau à ce grand poète qui l’avait tellement influencé : j’ai connu Frédéric Riera alors que, quasi mongolien, il pastichait l’oeuvre de Bonnefoy de manière molle dans des vers libres inspirés par la philosophie de Nietzsche dont il croyait superstitieusement être une sorte de réincarnation mégalomaniaque. De la conversation désormais interrompue avec moi il a conclu à la nécessité de concaténer ses vers libres dans des proses ; il a bien fait. Je lui ai fait jurer de composer ce Tombeau à la condition — cédée par moi — d’en composer un également : il a promis et il a tenu (pour une fois). Le résultat c’est ce petit livre qui est un chef-d’oeuvre. Je me rappelle Frédéric le lisant contracté sur sa chaise branlante au milieu des herbes glacées du jardin d’hiver de sa mère-grand (ce zombi). C’est une suite plus ou moins logique de proses, de méditations autobiographique ou littéraires, d’extrapolations parfois autistiques. Cette courte plaquette est un événement littéraire : une continuation par d’autres moyens de l’oeuvre de Bonnefoy dont Frédéric Riera produit la preuve qu’elle n’est pas nécessairement étrangère à des domaines qui lui sont lointains comme la science-fiction ou encore le jeu vidéo.

Constant Candelara

Imprimé à Lyon au quatrième trimestre 2018
sur presse typographique, absinthe & poudre noire
à 150 exemplaires numérotés.

isbn : 978 2 9558354 2 5
24 p. — 6 €